C’est la fin de l’été 1948 et l’Albatross, un navire océanographique suédois, remonte tranquillement la mer Rouge. Il termine un tour du monde de plus d’un an, pendant lequel l’équipage a réalisé deux prouesses: les premières mesures sismiques de l’épaisseur des sédiments marins, et le forage de carottes de 20 mètres au fond de l’océan. Au large de Djeddah, on remonte quelques derniers échantillons d’eau de mer. Bizarre: à 600 mètres de profondeur l’eau est très salée, et bien plus chaude qu’en surface. Plus salée, ça se comprend: il fait chaud, l’évaporation en surface est forte, l’eau salée coule au fond… mais elle devrait quand même se refroidir ! Malheureusement, le géochimiste de l’expédition n’est plus à bord: il a débarqué aux Seychelles pour rejoindre au plus vite sa fiancée en Angleterre. Du coup, on laisse tomber, et les analyses plus poussées attendront.
La plus vieille question du monde
Nous sommes le 15 août 1881, les pelouses des colleges sont vertes et parfaitement taillées, et il fait grand beau sur Cambridge — oui, ça arrive !
Comme tous les enfants depuis 518 générations, le petit Bob Strutt, six-ans-bientôt-sept, pose une question: « Papa, pourquoi le ciel est bleu ? »
Et là, pour la première fois depuis 518 générations… papa connaît la réponse !
Lire la suiteLe temple du Soleil
En février 1729, la Gazette de Paris informe ses lecteurs qu’à Lisbonne « le père Manuel de Figuereido de la Compagnie de Jesus est arrivé sur le Vaisseau qui est revenu dernierement des Indes Orientales, avec deux Gentils-hommes de la Cour du Grand Mogol, qui ont apporté des presens pour le Roy: ils ont visité à Goa le Viceroy des Indes, & ils luy ont fait present d’un Syrpao ou habit à la mode de leur Païs, & d’un bouquet de Diamans & de Rubis ».
Mais qui sont ces deux gentilshommes, et que viennent-ils faire là ?
Le b.a – ba
Bon alors là normalement, c’est le teaser[1].
[1] C’est l’histoire d’une petite note de bas de page qui devient un prix Nobel (et qui sauve des vies).
Le pouvoir des cristaux
Dans les pierreries la majesté de la nature se présente pour ainsi dire en abrégé, et, dans l’opinion de bien des gens, elle n’est nulle part plus admirable, et on attache de prix à la variété, aux nuances, à la matière, à la beauté; et, pour certaines pierres, on va jusqu’à regarder comme un sacrilège d’y porter le burin. Il y a tel de ses joyaux qui passe pour inestimable et sans tarif dans les richesses humaines; de sorte qu’aux yeux du grand nombre il suffit de je ne sais quelle pierre pour avoir la contemplation suprême et absolue de la nature.
De toutes les merveilles décrites par Pline l’Ancien dans son Histoire Naturelle, les chapitres sur les pierres précieuses sont parmi les plus exhaustifs et les plus poétiques. S’y mêlent les anecdotes historico-mythologiques, quelques notions sur la géographie des gisements, et des observations techniques où le pertinent côtoie souvent le farfelu: ainsi on apprend dans le même paragraphe que l’ambre serait de l’urine de lynx cristallisée, et qu’elle permet d’observer l’électricité statique (par définition, en quelque sorte).
Ou encore, une curieuse propriété mentionnée à propos de la « lychnis », nom qui aujourd’hui ne fait plus référence qu’à une fleur, mais qui ici désigne vraisemblablement une très belle pierre, la tourmaline: Pline nous dit que, comme l’ambre, elle attire les pailles et les filaments de papier… mais seulement lorsqu’elle est chauffée par le soleil ! Alors, farfelu ou pas ?
Les habits neufs de l’impératrice
Un soir d’automne 1906, 400 convives sont attablés dans la grande salle de banquet du prestigieux établissement Delmonico’s, à New York. Dress code: tout le monde en smoking. Rien que de très ordinaire. Ce qui l’est moins, c’est qu’ils portent tous exactement le même nœud papillon.
Un nœud papillon violet.
À la casserole !
Moi qui aime les rapprochements incongrus, j’ai été très content, il y a quelques années, d’assister à une conférence intitulée « Géologie, physique statistique et cuisine ». Et comme c’était au Japon, ça commençait naturellement par quelque chose comme ça:
Morale du joujou
Voilà une image qui, presque autant que la photo de classe de 1927, fait partie des icônes de la physique du XXe siècle. Avec deux messieurs habillés très sérieusement, dont on devine que les genoux ne sont plus très souples mais dont ne voit pas bien les visages. À droite, tignasse blanche, c’est le Danois Niels Bohr. À gauche, cheveux noirs clairsemés, c’est l’Autrichien Wolfgang Pauli. Ensemble ils symbolisent les deux générations successives qui ont chamboulé toute la physique au début du siècle. L’un a eu le prix Nobel en 1922, l’autre en 1945. Et là nous sommes en Suède, en 1954: les deux jeunes prodiges de la mécanique quantique sont devenus des monstres sacrés, ils sont venus inaugurer un nouvel Institut de Physique… et ils jouent avec une toupie.
Le portrait effacé
Il est le premier à avoir imaginé la loi de la gravitation universelle. Il a révolutionné la mécanique, l’optique et tous les domaines de ce qui deviendra la physique moderne, voire peut-être même la biologie. Il a été le pionnier de la démarche expérimentale, et le pivot de la communauté scientifique anglaise de la fin du XVIIe siècle. Et ce n’est pas Newton.
Un royaume à part
C’est une histoire de microbiologie qui commence avec des trappeurs et des chercheurs d’or. On planterait un décor de western dans le nord des Montagnes Rocheuses. Quelques bicoques en bois dans des bourgades qui s’appellent comme dans Lucky Luke: Diamond City. Gold Creek. Emigrant Gulch. Des vallées humides, froides et isolées, bien loin des convois de pionniers en route vers la côte ouest.Malgré des affrontements fréquents avec les Indiens, quelques aventuriers ont donc commencé à coloniser ce qui va devenir le Montana, c’est-à-dire le haut cours du Missouri. Parmi les affluents de celui-ci, il y a une grosse rivière que les Indiens Minnetaris appellent Mi tse a-da-zi. Ce que les Français, qui ont longtemps hanté les parages, avaient traduit par « Roche Jaune » [1]. Et les nouveaux arrivants… Yellowstone River.